L’Artothèque Antonin Artaud est un lieu d’expositions temporaires qui permet à tous les publics et en particulier au public scolaire de rencontrer l’art et des artistes le plus souvent de notre région. L’Artothèque constitue, depuis sa création, une collection d’œuvres d’art destinées au prêt dans laquelle les artistes exposés un temps sur nos murs demeurent présents, et maintiennent ainsi avec notre projet des relations fortes : nous suivons avec une fidélité souvent réciproque leurs cheminements et nous avons plaisir à les retrouver pour de nouveaux projets.
À la faveur de leurs expositions, Charles Gouvernet en 1993 et Nicolas Desplats en 2010 ont noué avec l’Artothèque des liens de compagnonnage. Nous avons retrouvé en 2013 pour l’exposition 9, rue du poirier à HLM, Charles Gouvernet, Mourad Messoubeur et Didier Petit, que nous avions déjà exposés, avec Olivier Grossetête, Philippe Turc et Denis Brun pour une première collaboration.
À l’occasion de visites d’ateliers l’équipe de l’Artothèque a rencontré Christophe Boursault en 2010 et Matthieu Montchamp en juillet 2015.
L’idée de cette exposition est née d’une rencontre à l’automne 2015 lors des Ouvertures d’Ateliers d’Artistes organisées par Château de Servières. Nous étions avec Charles Gouvernet dans l’atelier de Denis Brun où sont arrivés Christophe Boursault et Matthieu Montchamp. La discussion à laquelle nous avons assisté a mis en résonance ces propos avec d’autres échangés auparavant au sujet de la peinture et du travail de chacun entre Charles Gouvernet, Christophe Boursault, Denis Brun, Nicolas Desplats, Matthieu Montchamp et l’Artothèque. Ces bribes de conversations, ces promesses à peine esquissées à partir de regards, de gestes, d’échanges ont révélé des aspirations communes, des chemins artistiques souterrainement apparentés qui ne demandaient alors qu’à se concrétiser dans un projet d’exposition collective.
Il n’est pas question ici de courant artistique ou d’école, de maître et de disciples. Peut-être d’une relation d’ancien à plus jeunes, s’il ne s’agit pas du respect dû à l’âge mais de la reconnaissance d’un parcours tenu et affermi dans le temps. Ce que ces cinq artistes partagent, c’est le même engagement, la même exigence dans leur travail artistique qui ne se conçoit pas sans tensions, la même passion pour une peinture prise à bras-le-corps.
Nous avons souhaité que sur les murs et dans l’espace de l’Artothèque le dialogue entre ces cinq artistes soit continué et que leurs œuvres, bien que singulières, se fassent écho.
Pour préparer cette exposition, et pour le plaisir de partager, nous nous sommes donc réunis successivement dans chacun de leurs ateliers afin d’approfondir le regard mutuel sur les œuvres et d’envisager ainsi une exposition qui rende compte à la fois de leur univers propre et du projet commun. Assister à la réunion de plusieurs artistes qui essaient ensemble d’appréhender le travail de chacun est une expérience rare.
Ce cahier de l’Artothèque, le soixante-troisième, présente un moment dans la création de chacun des artistes réunis dans l’exposition de l’Artothèque cet hiver 2016. Une vidéo, making.of supergoütte, réalisée par Denis Brun, sera mise en ligne sur You Tube. Le lien sera sur le site de l’Artothèque : artothequeantoninartaud.fr
Décembre 2015 – L’équipe de l’Artothèque
Charles Gouvernet. Né en 1946, vit et travaille à Marseille.
À 89 ans, au terme de sa vie, Hokusai* aurait aimé avoir quelques années de plus pour être un véritable artiste. J’ai 70 ans, et le temps d’y penser ! Des volatiles aux pariétales, en passant par les cagettes, les sous-bois, les cœurs… les repentirs, de 1992 (ma rencontre avec l’Artothèque Antonin Artaud) à 2016 je n’ai rien réglé, établi ou si peu. Mais il y a l’impromptu, le stimulant d’une Aventure avec mes quatre complices, jeunes artistes cinglés de peinture et d’exploration mixte, où un soir de tempéra sur leurs fronts d’adolescents s’échoua « super goütte ». Accompagnée par les enseignants de l’Artothèque Antonin Artaud, toujours aussi dévoués, fous eux-mêmes de soutenir cette Aventure picturale au milieu de nos jeux, une exposition va voir le jour… c’est déjà prodigieux.
* Vieux Fou de Peinture.
Christophe Boursault. Né en 1975 à Paris, vit et travaille à Marseille.
Sélection :
2016 : “Outsider Art Fair”, New-York : « Cher Christophe, Le jury de la Outsider Art Fair de NY a demandé à ce que ta candidature soit retirée pour New York car tu as fait une école d’art. Je dois m’incliner. J’en suis désolée. On se rattrapera sur ArtParis. Je t’embrasse X »
2015 : “Outsider Art Fair”, New-York : «… J’ai vendu un de tes dessins. Tu as reçu un bon accueil. L’année prochaine nous reviendrons avec plus d’œuvres sur un stand plus grand. Je t’embrasse X »
2011 : Lauréat de la Bourse Révélations Team Lagardere Thug Life© 2011
2009 : “Peinture Valeur Refuge”, Galerie du Tableau, Marseille, “exposition personnelle annulée”
2008 : “La Force de l’Art 02”, Paris : « C’était trop beau, faut croire. Pas de fric, pas de force, pas d’art. Il y aura une sorte de structure architecturale, si j’ai bien compris, avec des œuvres dedans, mais c’est fini pour les excès performatifs. Fait chier, sera ma conclusion et je vous embrasse tous Y »
2004 : “École Pilote International d’Outsider Art (Villa Arson)”, Nice : DNSEP avec les félicitations du jury
Denis Brun
« Et tout comme la musique est l’espace entre les notes, tout comme les étoiles resplendissent à cause du noir qui les sépare, tout comme le soleil frappe les gouttes d’eau à un certain angle et envoie un prisme coloré traverser le ciel – l’espace où j’existe, et où je veux continuer d’exister : pour être très honnête, c’est aussi là que j’espère mourir – est exactement cette distance intermédiaire, là où le désespoir a heurté la pure altérité et créé quelque chose de sublime. »
Donna Tartt, Le Chardonneret
Nicolas Desplats. Né en 1973 à Strasbourg. Vit et travaille à Marseille.
Je peux décider de peindre n’importe quel sujet : un paysage, une montagne, un intérieur. Je peux aussi ne pas. Les derniers travaux seraient plus une attitude qu’un sujet. Ils ne tentent plus d’atteindre ce qui fait figure. Je sais que ce qui est difficile est d’obtenir une évidence, mais je ne sais pas quand “ça” arrivera. Mais “ça”, ça sait. Quelque chose sait quelque part. En partant de là, j’affirme des gestes tout en les niant dans le même temps. Parfois ces gestes viennent recouvrir, effacer, secourir d’anciens tableaux. À cet instant et contrairement à toutes réponses, la peinture compose un endroit du tableau, comme une somme de micro-événements, de taches échouées engluées dans le blanc, dans la lumière, dans la transparence et la perspective de la peinture.
Matthieu Montchamp. Né en 1979 à Paris, vit et travaille à Marseille.
Ces choses me paraissent parler chacune sa propre langue. Ce sont les langages de la peinture. Je les énumère, je les entasse, je les appuie, je les tourne. Je les serre les unes contre les autres, dans l’espoir d’un fonctionnement quelconque. Cependant il semblerait que cette machine défaille, que les frictions de ses rouages ne produisent qu’un bruit parasite, un récit cacophonique.
Décembre 2015
Artiste(s) présent(s) dans le cahier :
MONTCHAMP Matthieu
BRUN Denis
BOURSAULT Christophe
GOUVERNET Charles
DESPLATS Nicolas
Edité pour l'expo :
Super goütte – Visite d’exposition (film)
Exposition « super goütte » : Boursault / Brun / Desplats / Gouvernet / Montchamp